Manomaya - la constitution psychique
Le mental est un merveilleux outil qui peut être source de notre esclavage ou de notre émancipation. Son premier objectif est de satisfaire les désirs. Tel un cercle vicieux, un feu, les désirs génèrent sans fin de nouveaux désirs. Son objectif est de se servir (ahaṁkāra et mamakāra) ; la motivation est purement personnelle.
Le mental est constitué de
- souvenirs (smṛti)
- d'habitudes (saṁskāra-s)
- des six ennemis (ṣaḍūrmi)
- des cinq sources d'affliction (kleśa-s)
Schéma de toute action : désir (icca) → action (kriyā) → expérience (bhoga)
La mémoire (smṛti) ajoute une boucle de rétro-action revenant sur le désir.
Toute directive du mental provient de ādeśa, la faculté mental qui analyse, centralise, synthétise et commande (deśa : la direction; ā-diś : commander, montrer, indiquer).
Même si manomaya permet de développer de nombreux talents et facultés, au final il reste source d'insatisfaction, de frustration et de souffrance. La constitution psychique empêche de progresser et devient une prison mentale.
Le mental est extrêmement rusé, cherche à transformer tout objet en objet mental, en savoir et intelligence. Manomaya est le monde de la connaissance. Il a en horreur tout espace entre le Soi et le mental qu'il cherche à combler et déploie tous les moyens pour nous divertir et nous éloigner de notre nature essentielle.
Classification du mental (citta bheda) du plus grossier au plus subtil. Qualité du mental.
- manas
- buddhi
- ahaṁkāra / asmitā
- citta
- pratyaya
- sattva
- śuddha sattva
manas : partie sensitive du mental, la plus externe, en contact avec les objets (stimuli sensoriels). Par définition, manas est toujours en mouvement (saṁkara manasaḥ ?)
buddhi : partie du mental collectant, analysant en fonction des informations déjà emmagasinées ("intellect"). buddhi met en lumière (dhi) l'information reçue
ahaṁkāra /asmitā : nos identifications, le "je", le "moi" qui fait, sentiment subjectif qui isole des autres. Lorsque ahaṁkāra est éteint (sommeil profond), manas et buddhi sont également en sommeil. a-smitā, "celui qui ne rit pas" n'est pas doté de conscience et appartient au domain de la matière (prakṛti) et non du vivant (cit, puruṣa).
citta : citta est ce qui se comporte comme la conscience (cit, puruṣa), sans l'être (acit, prakṛti). La proximité de citta et de cit fait qu'ils ne sont quasiment pas distinguables bien que de nature opposée. De manière figurée, citta un comme un réservoir contenant nos mémoires (smṛti), habitudes (saṁskāra-s), les commandes de manomaya (ādeśa), celles de vijñānamya (śasana), nos ennemis (ṣaḍūrmi), nos sources afflictions (kleśa-s), nos germes innés (vāsanā, mahat).
pratyaya : qualité du mental plus subtile, en mouvement vers l'avant (prati + i/ayana). Présente les objets à cit.
sattva : état fluide du mental, allégé de ses impuretés (résultat de la pratique de l'aṣṭāṅga yoga, Y.-S. II-28)
śuddhi sattva : état du mental au-delà de vijñānamaya. Non descriptible par des mots, là où il n'y a plus d'actions basées sur les saṁskāra-s, les ṣaḍūrmi-s, là où l'on devient spectateur de la danse de śiva naṭarāja (ānanda tāṇḍavam). Par contre le mental n'est toujours par exempt des causes profondes (saṁskāra-s, les ṣaḍūrmi-s). Par la pratique du kriyā yoga, le pratiquant s'établit dans sa vraie nature; le mental est sous la forme d'un pur asmitā qui est sous les pieds de naṭarāja. La pratique de īśvara praṇidhāna conduit à l'étape finale, kaivalya. Les guṇa-s eux même sont dits ne plus avoir d'actions sur le pratiquant.
Krishnamacharya affirmait que tout ce qui est contre-nature n'est pas yoga.
Bh. G. Kṛṣṇa affirme que mental est aussi difficile à contrôler que le vent.
- le vent est puissant, le mental aussi
- le vent est continuellement en mouvement, c'est sa nature
- le vent n'est pas contrôlable
Un mental sans activité est un mental pathologique, tel le coma. Le yoga permet n'ont pas d'arrêter le mental mais de le canaliser, d'utiliser toutes ses potentialités, de réduire sa dispersion, de sortir de son emprise pour aller au-delà.
Le mental est à la fois un instrument d'asservissement et d'émancipation. Amṛta bindu upaniṣad v. 2 : manam evam manuṣyāṇāṁ bandha mokṣa karaṇam.
L'asservissement (bandha) est source de souffrance, caractérise le cycle incessant des actions et réactions, limitatif, un état prisonnier du cercle vicieux et sans fin des afflictions (kleśa),
L'émancipation (kaivalya) est un état d'émancipation totale, d'autonomie complète (svatantra), de conscience (cit), de présence (sat) et de félicité (ānanda).
nirodha (Y.S. I-2) n'est pas au-delà du mental. Il est le plus haut état du mental et ne peut être qu'expérimenté. Les 5 états du mental (pañca citta bhūmi) sont :
- très agité, pathologique (kṣipta) : état singe ivre
- léthargique, engourdi (mūḍha) : état d'un buffle
- oscillant entre des phases calmes et perturbées (vikṣipta) : état commun
- unipointé, centré (ekagrata)
- nirodha (nirodha) : état utilisant 100 % des potentialités du mental.
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